Proposition pour la 5e édition de Luminothérapie (2015), concours multidisciplinaire de mise en valeur et d’animation de la Place des Arts de Montréal.
Collaboration avec Flora Balandier et Maïa Djambazian.
En janvier 2014, le Katajjaniq, la pratique du chant de gorge inuit, fait son entrée au Registre du patrimoine culturel immatériel québécois, regroupant les connaissances ou savoir-faire vivants issus de tradition orale. Sorte de duel amical, ce chant est pratiqué par deux femmes placées l’une en face de l’autre, se regardant et se serrant les bras afin de mieux jumeler leurs ondes sonores. Par un jeu contrôlé d’inspiration et d’expiration d’air, elles produisent des sons répétés et saccadés où chacune se relance afin de voir laquelle rira ou s’arrêtera la première.
Si la pratique est encore bien vivante dans les communautés inuites, lui offrir pignon sur la Place des festivals, lieu de médiation et d’expression artistique, lui donnerait un nouveau souffle. Sensibilisé aux enjeux de notre identité à travers le patrimoine immatériel, le public participerait à une expérience tout aussi ludique que poétique, celle de la Voix boréale, où lui-même devient diffuseur et protecteur de ce chant.
Voix boréale fait apparaître une quinzaine de «Chanteuses», bras ouverts desquelles se dégage une énergie lumineuse et rayonnante. Elles invitent le passant à entrer en interaction avec elles. Lorsqu’il dépose ses bras sur l’une d’entre elles, la magie du Nord opère; le chant se déclenche doucement, la lumière s’intensifie et l’enveloppe d’une couleur plus chaude.
Si la pratique du chant était au départ une activité pour passer le temps en attendant le retour des chasseurs, elle reste encore aujourd’hui un moyen de se divertir et d’échanger… La scène balance entre des nuances de noirs et de blancs à l’image des paysages nordiques immaculés, mais d’autant plus contrastés. De jour, les silhouettes noires se détachent du blanc de la neige; de nuit, leurs contours se fondent dans le paysage nocturne, amplifiant leur rayonnement.
En se prêtant au jeu, les passants comprennent l’importance de l’implication de chacun pour la création de l’œuvre musicale et lumineuse collective. Plus il y a de présence sur la Place, plus longtemps il sera possible d’entretenir le chant et la chaleur lumineuse. Cette proximité provoquée, entre le passant et la Chanteuse d’une part, puis entre les passants d’autre part, ramène la Place à une échelle humaine tout en encourageant rires et échanges entre amis et inconnus.
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